Bonjour
Comme je le disais dans le message d’introduction, je souhaite écrire ici pour préciser des pensées et les publier pour éventuellement contribuer à un futur que je juge désirable. Pourtant, ce premier message traine dans mes brouillons depuis de long mois, car j’ai peu réussi à écrire en 2022. Alors pour 2023 j’ai décidé de me mettre la contrainte de publier ici chaque mois.
Après quelques mois d’existence silencieuse, voici donc mon premier message !
J'aime jouer avec les mots, questionner ce qu'ils disent et ce que chacun entend. Certaines fois je les utilise pour m'exprimer avec plus de précision et j'ai besoin de les dé-finir - leur fixer une fin, une forme des contours, une signification précise et partagée. D'autres fois je ressens l'envie d'ouvrir les possibles et j'aime les dé-ranger - les sortir de la case dans laquelle ils sont rangés. Alors, pour débuter par le commencement, je vais me présenter en quelques mots pour lesquels je vais proposer une définition (volontairement subjective).
Autoportrait (n.m) - pour l’objet de ce mail, j’ai repris une idée de Henri Laborit qui définit l’autoportrait comme, une imposture consciente ou, plus tristement encore, inconsciente. Même si je vais tacher d’être sincère, il n’a pas tout à fait tord. Ce qui vient après, n’est évidemment qu’une présentation, non exhaustive, mouvante, réfléchie ce jour - le 31 janvier 2023 - pour présenter ce que j’ai envie de vous partager sur moi.
Papa (n.m) - Rôle doux et joyeux au quotidien, qui me permet aussi de ne pas voir le 2050 dont on nous parle comme l'année de mes 61 ans, mais comme celle des 30 ans de mon fils. Il sera donc plus jeune que je ne le suis aujourd'hui et ça me donne des éléments très concrets pour me projeter dans le futur et ça nourrit mon besoin de défendre mes idéaux.
Idéaliste (adj.) - Caractéristique souvent raillée dans une société cynique et fataliste, j’aime la défendre comme une qualité qui face à la complexité et aux incertitudes de notre époque, me permet d’avancer. En effet pour moi, les tensions entre ce que je vis et observe (avec autant de réalisme que possible) et mes valeurs et idéaux, sont des moteurs pour se mettre en mouvement et contribuer à un futur que je juge plus désirable.
Éthique (n.f) - Pour Spinoza c’est ce qui « procurerait pour l’éternité la jouissance d’une joie suprême et incessante ». Plus sobrement je me l’approprie comme une quête personnelle, ancrée dans le présent, construite sur la recherche intime et subjective de ce qui résonne juste. Dans l’éthique est un sport de combat, je la présente en opposition à la morale. En effet, si l’une et l’autre tentent de guider nos comportements vers le “bien”, je vois la morale comme un héritage culturelle (construit par une famille, une religion, une société, etc.) qui propose un ensemble de jugements collectifs et/ou transcendants du bien et du mal. La morale nous permet donc de capitaliser sur les apprentissages du passé pour faciliter le fait vivre ensemble. Cependant, comme l’aurait dit Albert Einstein “La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent”, alors quand je veux dé-ranger le présent, je lui préfère l’éthique.
Dé-ranger (v.) - Littéralement, c’est l’action de sortir quelque chose qui a été rangée, parfois depuis trop longtemps (et qui sent la poussière). J’aime l’utiliser pour exprimer que je souhaite questionner et bousculer ce qui ne l’est plus (en particulier certaines pratiques et imaginaires collectifs sur l'entreprise et nos manières d'interagir dans ce monde du "business"). A l’inverse (et de manière un peu provocante), je définis le fait de se con-former comme une attitude passive qui consiste à changer de forme pour adhérer aux idées et usages de son milieu. Si j’en comprends l’intérêt pour vivre en groupe, c’est une grande source de frustration personnelle quand je l’observe comme la source de comportements collectifs avec lesquels nous ne sommes pas en accord et/ou qui sont dommageables (pour nous, pour les autres ou pour le reste du vivant). C’est pourquoi, même si je suis plutôt sympa et que je n’aime pas être désagréable, j’aime dé-ranger, dé-router ou dé-tourner.
Humaniste (adj.) - Historiquement ce fût mon titre LinkedIn pour ne pas m’enfermer dans un métier, mais raconter ma conviction que "l'humain est bon". Depuis, je suis un peu plus prudent sur cette idée, car ce qui est “bon” me semble trop dépendre de la perspective depuis laquelle on le juge. Aujourd’hui je raconte plus sobrement que j'ose avoir confiance en l'humanité et croire que quand l'humain écoute ce qui est vivant en lui, cela nous guide vers une société plus joyeuse et plus harmonieuse.
Vivant (adj.) - Même si je défends aimer l’humain, l’héritage culturelle de la séparation homme nature me semble problématique. A l’inverse “Vivant” rappelle que nous faisons partie de l’ensemble du vivant et l’affirmer me permet d’éviter une réflexion (trop) anthropocentrée. C’est aussi un mot qui raconte mon envie de “vivre la vie qui veut se vivre à travers moi”, c’est à dire écouter ce qui m’anime et me fait vibrer pour guider mon action. D’une manière ou d’une autre, ça témoigne aussi de mon besoin de ramener de la vie et du mouvement aux endroits qui me semblent un peu mornes et sclérosés. Enfin, de plus en plus, je crois que j’aime observer le reste du vivant pour m’inspirer des réponses aux enjeux de notre époque.
Facilitateur (n.m) - Personne qui, faisant confiance dans la capacité d’un groupe à trouver lui-même des réponses à ses questions, construit et anime des temps collectifs pour que le groupe atteigne ses propres objectifs. Historiquement consultant, consulté, pour apporter des conseils, j’ai choisi la posture de facilitation, car je préfère être celui qui soulève des questions, plutôt que celui qui apporte des réponses. Pour autant, puisque la posture implique une forme de neutralité, je choisis les questions qui me semble contribuer un futur désirable. Je me suis notamment spécialisé sur la raison d’être de l’entreprise et les valeurs de l’équipe (avec une approche très introspective). J’ajoute aussi la prospective et la fiction pour ouvrir les possibles en libérant des contraintes du présent.
Entreprise (n.f) - J’aime raconter l’entreprise comme un espace de privilèges (qui implique une forme de responsabilité), un espace collectif (qui permet aux individus de faire des choses qui les dépasse) et espace de liberté (qui permet d'explorer des idées radicalement nouvelles pour défendre ses idéaux). Pour autant si certaines m’inspirent, je crois que nous ne répondrons pas sociétalement aux enjeux de notre époque si les entreprises ne se transforment pas radicalement. C’est pourquoi j’ai choisi d’accompagner des entreprises et que j’aime explorer ses mutations, notamment à travers la question de l’éthique et celle des imaginaires collectifs.
Pour finir de présenter d’ou je parle, je crois qu’il est important de dire que je suis privilégié. Notamment, je suis un homme, blanc, français, cisgenre, hétérosexuel, je n’ai jamais eu de problème d’argent, j’ai fait des études d’ingénieurs financés par mes parents, j’ai été au chômage seulement pour me permettre d’entreprendre. Je ne me rends pas toujours compte de ce que cela génère, mais je crois que ce n’est pas anodin dans mon rapport au monde (et en particulier au travail et à l’entreprise).
Pour clôturer ce message et puisque c’est le dernier jour pour ça, j’en profite pour vous souhaiter une belle année. Pour mes voeux de 2023, je me suis appuyé sur un article de Estelle Zhong Mengual et Baptiste Morizot et j'ai eu l'envie de souhaiter d'être dérangé·e·s avec une douce force. Vous pouvez les lire ici.
Merci pour votre lecture, n’hésitez pas à saisir ces mails comme des occasions de réagir, partager vos réflexions et inspirations et échanger tout simplement.
Belle soirée et on se retrouve ici le mois prochain !
Maxime
sélection d’articles - profil linkedIn - présentation de ce bulletin
Merci pour ces mots inspirants !
De mes souvenirs, selon Spinoza :
- La morale décrète et juge le bien/mal, c'est une histoire collective incarnée par ses agents
- L'éthique cherche le bon et évite le mauvais, c'est une démarche personnelle, la joie étant l'indicateur du bon